Article 20 ou Seule dans le cœur de tous

Aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours été de nature très sociable.

A l'école primaire, j'étais aimée de tous mes camarades de classes et je les invitais tous à chacun de mes anniversaires. A l'époque, il m'étais impensable de devoir faire une sélection parmi ceux que je considérais comme des amis que je garderais toute ma vie. Pas une seule fois je me suis posée la question de savoir si ils me le rendraient un jour. Ils étaient tous si gentils et drôles et réconfortant. Cette classe d'enfants était mon petit paradis sur terre et tout allait si bien.

Arrivée au collège, mon monde a changé. Pour la première fois, j'étais confronté à des gens qui ne m'appréciaient pas spécialement, à des jugements d'adolescents et à des trahisons. Malgré tout, je n'ai jamais arrêté de tendre la main si naïvement à tout étranger qui me le permettrait. Au contraire, pour surmonter la perte inattendue de personnes de mon enfance dorée, je me suis accrochée plus que jamais à ceux qui restaient tout en cherchant désespérément à remplacer les autres. Et ce fut un succès.

Arrivée au lycée, j'avais un cercle d'amis solide qui ne cessait de s'agrandir. Pour la première fois, j'ai dû apprendre à choisir entre certains groupes, faire tout un tas de compromis pour ne pas avoir à blesser qui que ce soit. Pour ne perdre personne. J'avais envie d'être partout à la fois.


En études supérieures, les choses étaient un peu plus faciles la plus part du temps puisque je pouvais me consacrer pleinement à mes nouvelles amitiés au quotidien tout en retrouvant les anciennes lorsque je rentrais chez mes parents les week-ends et vacances scolaires. Mais il est vrai que les retours à la maison étaient bien souvent courts et par conséquence, très intenses.


Aujourd'hui, mon cercle d'amis est fractionné par les différentes périodes de ma vie et je ne sais pas si j'arriverai à tenir toutes ces relations éternellement. Je m'accroche au mieux à chacune d'entre elle mais j'ai alors l'impression de ne pouvoir profiter d'aucune pleinement.

J'ai peur que mes compromis finissent par lasser mes proches qui me tourneront alors tous le dos. Et je finirais seule quand mon unique but était d'être dans le cœur de tous.

 

 

Sixtine

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